L'amour est le seul besoin absolu qui supporte le mieux et le plus mal d'être relatif.
Un sentiment qui défie toute définition, rejette tout mode d’emploi. Nous ne pouvons dire «l’amour est ceci, est cela, n’est pas ceci, n’est pas cela ».
Soit on est en-dessous, soit au-dessus, ou tout simplement à côté du sujet. A tel point que
j’hésite à en parler.
Une piste tout de même : l’amour est un état, pas un exercice, pas même celui du «don de soi».
De l’abandon peut-être ? Mais de qui, de quoi, pour qui, pour quoi ?
Pour rien ?
Oui : l’amour est le plus intéressé des « actes gratuits », le plus « désintéressé » des actes intéressés, qui peut « rapporter gros » : celui de devenir soi.
Quoi qu'il en soit, il y a un temps pour l'amour « fou », un temps pour l'amour «sage ».
Le second vient sans qu'on s'en aperçoive, s'ajoutant au premier. La juxtaposition des deux fait partie de la Sagesse elle-même.
Sages et fous, ne sommes-nous pas tous un peu cela ?
Fous et sages sans cage, en libres pointillés dans l'espace hors du temps. Fous impensables, inénarrables, improbables, telle l'abeille butinant le pollen pour que miel s'ensuive.
Salés-sucrés, de fleur en fleur, de cœur à sœur, de frère en cœur, nous colorons d'arc-en-ciel nos sentiments trop noirs, trop blancs.
Libres, égaux, fraternels, folie douce universelle. Unis vers celles et ceux qui, comme nous, conjuguent tant bien que mal raison et passion, matière et esprit, salé-sucré.
Nous sommes des maçons dépassés par la cathédrale, l'amour du bien et du beau, tant la braise ardente enflamme l'aurore.
L'amour est jeu de construction, jeu de lumière, jeu de plaisir et de l'esprit, pavé et mosaïque à la fois, noir absorbant, blanc réfléchissant, miroir de notre contraire, de nos contraires, ceux qui s'attirent, cohabitent en nous.
« Plus » et « moins » ne font qu'Un, transforment le réel en fusion, effusion, illusion d'éternel.
Les esprits chagrins parlent de mirage. Mais ne renaissons-nous pas à travers ceux qui nous
aiment ? Ne naissons-nous pas de leur amour ?
Prenons le risque d'aimer, d'aimer le risque, sans penser que seule compte démarche ou résultat. Seul vaut l'état, quel qu'il soit. L'amoureux doit s'ouvrir, risquer le pire pour goûter au meilleur, s'unir au pire et au meilleur, c'est le prix à payer pour bien faire, quitte à trop en faire, à trop aimer, à mal aimer. Le temps vertèbrera son amour de patience. Sans attendre de retour, dit-t-on.
Faux : le plaisir au haut de la montagne est de jouer avec son écho, en oubliant notre ego.
Faire le bien est notre seule raison d'être si l'on veut être véritablement humain.