Pour comprendre certains aspects du fonctionnement d'une loge, Jacques Fontaine et Marie-Hélène Gonnin ont écrit un ouvrage de référence ; "Hiram et Freud" se veut un éclairage psychanalytique sur la démarche maçonnique. Ils ont été interviewé par Daniel Videlier pour Baglis TV - Nous vous proposons des extraits de cette vidéo . L'intégralité de l'interview est à voir sur BaglisTV, la chaîne de l'initiation
La règle du jeu
On pourrait affirmer que le fonctionnement d'une loge maçonnique est régi par trois conventions ; bien sûr ces conventions ne sont pas formalisées, elles existent implicitement :
Une convention symbolique qui concerne le lieu où se déroule la réunion des membres de la loge (c'est à dire la tenue) : il s'agit de la représentation du temple de Salomon avec une orientation selon les points cardinaux ;
Une convention rituelle qui concerne le rite pratiqué par la loge ;
Et une convention méthodologique qui affecte les modalités de prise de parole, d'organisation des offices et de déplacement.
Le schéma reprend le positionnement habituel (mais il existe aussi d'autres positionnements) des différents offices.
Les sièges des membres sont placés sur les deux colonnes du Nord et du Sud en vis à vis.
Le déroulement des travaux suit un ordre du jour.
L'objectif principal du fonctionnement d'une loge maçonnique est de pratiquer des initiations qui seront suivies d'augmentations de salaire (passage du 1er au 2ème degré) puis d'une élévation (passage du 2ème au 3ème degré).
Le deuxième objectif est d'offrir une mise en scène du rite choisi et ainsi de permettre à chacun(e) de profiter de son enseignement et en particulier de l'importance de la fraternité.
Le troisième objectif est de participer à la dynamique de l'obédience à laquelle appartient la loge.
Selon les loges, un quatrième objectif peut être pris en compte : la mise en commun d'une réflexion sur des sujets symboliques, philosophiques ou sociétaux.
Avertissement
Vous trouverez exposés différents articles ayant trait à la problématique de la vie dans une loge maçonnique : en dehors des moments de joie, de satisfaction, il existe aussi des situations "classiques" de "souffrance" ; certaines sont "bénignes", d'autres plus anxiogènes. Le propos, est d'apporter un éclairage qui puisse être une aide. Mais le préalable, c'est de ne jamais oublier qu'une loge est aussi un groupe humain et qu'à ce titre il est soumis aux règles de fonctionnement d'un groupe humain qui sont rappelées dans le schéma ci-dessus.
Avec l'expérience, on voit bien que les moments les plus difficiles à gérer concernent trois domaines :
les informations concernant le fonctionnement administratif de la loge ou de l'obédience ; elles ne devraient pas être diffusées dans une tenue ordinaire et sont du domaine soit du collège des officier(e)s soit du comité de maitrise : la complexité du contenu au regard des obligations réglementaires et la longueur des compte-rendus entraînent une diversion et une lassitude qui contrarient le travail de réflexion qui devrait être l'essentiel !
la problématique des choix à faire : dès qu'un vote est annoncé, l'agitation monte d'un cran ; il m'a toujours semblé que le vote était un exercice qui devrait être limité à des situations bien précises ; le vote induit souvent une perversité propice à déstabiliser un groupe ; en maçonnerie, il me semble que l'essentiel des décisions devrait être précédé par la recherche d'un consensus. Cette problématique concerne en particulier les élections.
le respect du rituel en particulier pour les cérémonies ; celui-ci commande une préparation et donc des répétitions ; on ne peut s'en passer au risque de voir survenir des cafouillages perturbant l'atmosphère de la cérémonie.
Un préalable pour bien vivre dans une loge maçonnique
Pour apprécier le contenu d'une tenue maçonnique et pour ne pas être perturbé(e) par des idées parasites, il faut toujours garder à l'esprit que le groupe maçonnique est un groupe d'êtres humains et que, comme tous les groupes, il est soumis à des règles de fonctionnement qui s'imposent aux individus.
Une des observations les plus importantes qui montre la spécificité de la vie en groupe concerne l'émergence d'un certain degré de dépersonnalisation de l'individu au profit d'un comportement collectif.
Ce fait concerne tout le monde à des degrés variables en fonction des circonstances. Il est important à connaître car il induit une modification du jugement.
Dans la majorité des cas, il s'agit de modifications mineures, qui n'ont aucune conséquence sauf dans le domaine de l'affectivité.
Cette réalité psychologique impose de prendre du recul et d'être capable de se ménager un temps de réflexion.
Le deuxième élément de connaissance qu'il faut prendre en compte concerne ce que l'on pourrait appeler les règles de fonctionnement du groupe humain qui sont rappelées ci-dessous.
Tout cela incite à une grande prudence ! C'est la condition d'une acquisition optimum de l'apprentissage de l'idéal maçonnique.
Questions fréquentes qui concernent un(e) franc-maçon(e) sur les colonnes
Quand prendre la parole ?
Traditionnellement, la prise de parole a pour but d'apporter un éclairage, un complément d'information ou une expérience personnelle ; le frère ou la sœur ne doit pas rentrer dans un dialogue avec un(e) frère (sœur) ayant précédemment intervenu ; il(elle) doit s'adresser au pavé mosaïque.
La prise de parole en loge est un art difficile ; elle ne peut s'effectuer que lorsque le(la) vénérable l'autorise soit à la suite d'une de ses interventions, soit à la suite d'une planche ou encore à l'occasion des questions diverses. Seul(e)s les sœurs ou frères compagnon(ne)s ou maitres(se)s y ont droit.
Il y a plusieurs écueils à éviter :
remercier ou tisser des éloges,
polémiquer ou critiquer une intervention,
faire l'apologie d'un discours politique ou religieux
parler pour ne rien dire
faire des effets de manche
aborder un sujet qui ne correspond pas au degré auquel se déroule les travaux pour le rite utilisé
Globalement, la prise de parole est un acte important qui ne devrait être réservée que pour faire part d'une connaissance ou d'une expérience dans une perspective positive. A l'usage, on voit bien que de nombreuses prises de parole sont inutiles et participent plus d'une "démangeaison" personnelle qu'à un vrai travail participatif.
Que dois-je dire si je ne suis pas d'accord avec ce que j'entends ?
La spécificité de la communication dans une loge maçonnique c'est le respect que l'on porte aux opinions émises par les autres sœurs ou frères. Il n'y a pas de bonne ou de mauvaise opinion et chacun(e) a le droit de s'exprimer dans le respect des autres.
On ne dit pas en loge "je ne suis pas d'accord avec..." mais "je pense que ce sujet pourrait être abordé de telle manière".
Comment faire une planche ?
Faire une planche constitue toujours un moment fort dans le déroulement d'une tenue ; c'est l'occasion pour une soeur ou un frère d'exposer un travail personnel de réflexion soit sur un sujet librement choisi soit sur un thème faisant partie des questions soumises aux loges par l'obédience dans le cadre d'une fonction de rapporteur d'un travail étudié en commission.
Pour un travail personnel, le style est libre : la plupart du temps, il s'agit de la lecture d'un texte, mais il est aujourd'hui possible dans de nombreuses loges d'utiliser les outils d'une communication audio-visuelle (diaporamas, vidéo, bande audio) voire d'associer d'autres frères ou sœurs dans la prise de parole.
Les règles profanes d'une bonne communication s'imposent pour faciliter la compréhension (ne pas oublier que certain(e)s frères ou soeurs âgé(e)s peuvent être malentendant(e)s ou malvoyant(e)s) : une bonne diction, un temps d'intervention raisonnable (20 à 30 minutes), l'utilisation de termes compris par tous facilitent les choses.
On distingue généralement trois types de planches personnelles (dans certaines loges seules les planches symboliques sont autorisées) :
les planches symboliques : il s'agit d'un travail personnel sur une manière d'appréhender un ou des symboles du degré et du rite auquel se déroule la tenue ;
les planches sociales : c'est aussi un travail personnel sur une problématique de la société ;
les questions d'actualité : comme son nom l'indique, il s'agit d'exposer un point de vue maçonnique sur un problème social, économique ou culturel qui fait l'objet d'informations grand public.
Le grand écueil à éviter dans la réalisation c'est "wikipedia" : non pas que les informations contenues dans wikipedia soient sujettes à caution (bien que c'est parfois le cas) mais la tentation du copier-coller pour donner l'impression qu'on "a travaillé" ne correspond en rien avec une pratique maçonnique qui valorise le travail et l'appropriation du savoir.
Comment m'habiller pour aller en tenue ?
Une tenue, c'est aussi un certain cérémonial ; autrefois le port du costume et de la cravatte noire pour les hommes était obligatoire. Aujourd'hui, une certaine tolérance est possible mais dans la mesure ou le(la) vénérable l'autorise. Rien n'empêche un(e) vénérable de refuser l'entrée en loge à un(e) frère ou soeur qui n'est pas habillé(e) convenablement.
En fait il y a deux contraintes :
respecter la liberté individuelle de chaque membre (dans certaines loges le port d'une blouse ou d'une robe permet de ne plus se poser cette contrainte)
assurer l'effet cérémonial qui permet de donner à la tenue, cet indispensable caractère de sérieux et de gravité, qui favorise la réflexion et la méditation.
Quelle attitude prendre sur les colonnes ?
Traditionnellement, le (la) franc-maçon(ne) assis(e) sur sa chaise doit avoir le dos droit, les pieds à plat sur le sol et les mains posées sur les cuisses au niveau des genoux. Il (elle) doit rester impassible, sans témoigner la moindre réaction aux échanges.
C'est un exercice difficile car la tentation est grande d'avoir une communication non verbale réactive à des propos entendus. Mais c'est un effort qui valorise le climat de réflexion et la méditation.
Comments