L’histoire de l’humanité jusqu’à notre XXème siècle ne pourrait-elle pas être sous-titrée par l’expression « La montée en puissance de la société phallique » ?
Organisée en sociétés tribales à ses débuts, l’humanité n’a eu de cesse de suivre la logique de la primauté du mâle et la valorisation de ses qualités ! La représentation symbolique du phallus (c’est-à-dire le pénis en érection) a naturellement été utilisée pour conforter cette logique.
L’architecture témoigne de cette omniprésence du symbolisme phallique ! Des colonnes antiques aux tours contemporaines, en passant par des monuments comme la tour Eiffel, la glorification d’une œuvre se fait par l’intermédiaire d’une représentation phallique.
La société phallique entraîne la compétition des mâles et en conséquence les guerres et la violence.
La nation se constitue d’abord en tant que fusion entre le peuple et son chef ; elle se fortifie dans le culte des ancêtres qui sont surtout des anciens chefs de guerre. La force d’une nation est d'abord de nature phallique.
Les religions participent à la société phallique : les grands sages sont d’abord des hommes ! Ils sont honorés pour des qualités masculines : Force, Sagesse et Beauté !
La femme est toute en soumission et si elle doit jouer un rôle, ce sera parce qu’elle aura endossée des valeurs masculines !
La société phallique accepte les déviances sexuelles qui franchissent le Rubicon des interdits sociétaux ; ainsi en est-il de l’inceste et de la pédophilie qui ont toujours bénéficié d’une tolérance dans la vie de tous les jours.
Si longtemps, cette société phallique s’est prévalue de victoires, victoires pour assurer la protection et la prospérité des nations, le temps des défaites semble arrivé.
La détérioration de l’environnement, le fossé grandissant entre les populations dépendantes et les bénéficiaires de la richesse mondiale, l’instrumentation des guerres locales et la difficile entente des super-puissances témoignent de l’incapacité actuelle de la société phallique à assurer la pérennité de l’humanité sur notre planète !
Ne pourrait-on pas interpréter l’actualité de ce XXIème siècle, comme l’expression d'une contestation de cette société phallique devenue impuissante ?
Cette contestation est encore balbutiante et il ne faut pas négliger la capacité de la société phallique de récupérer le discours contestataire en s'adaptant a minima.
En franc-maçonnerie, la problématique de la place des femmes, participe de cette réflexion.
Longtemps, la franc-maçonnerie s’est révélée une fidèle compagne de la société phallique. Si une acceptation a été ébauchée par l’intermédiaire de la mixité, ce fut fait sans remettre en cause les valeurs phalliques ! Les rituels maçonniques restent ce qu'ils ont été : une illustration de la primauté phallique ! Le débat sur la problématique du genre est une illustration de la difficile prise en compte de la féminité dans l'expérience initiatique.
L’intérêt de la pensée maçonnique ne serait-il pas de s’affranchir de cette dépendance à la société phallique pour favoriser l’émergence d’une pensée plus universaliste qui puisse être un élément du changement de paradigme indispensable à l’évolution de l’humanité ?
Réaction de May, sœur franc-maçonne :
"Bonjour à vous ,
Oui cet article m'interpelle car depuis mon entrée en F:. M:. : je me suis toujours posée cette question : Pourquoi les Femmes F:. M:. se sont -elles glissées aussi facilement dans des rituels tellement dominés par le " masculin" ?
Sur certaines enluminures du Moyen -Age on peut voir parfois une femme tenir un compas et dessiner l'Univers .Travaillant au RFR notre mot au 1° est Tubalcaïn . en faisant des recherches, il semblerait que "Naama" soit citée dans la bible comme ayant inventé le tissage .. métaux et tissage ..complémentarité ;
Et d'ailleurs le hasard des rencontres m'a fait croiser le chemin d'une sœur d'origine Belge qui m'a dit travailler avec un rituel spécifiquement féminin et qui mentionnait le nom de Naama ??
Je n'ai jamais par la suite trouvé trace de ce rituel ni d'ailleurs du nom de " l'Obédience " qu'elle m'avait donnée ..
Quelques mots posés là , à un moment où , effectivement , cette société " phallique " semble en décadence .. " SEMBLE" car je pense que , hélas , elle a encore de beaux jours devant elle, et que au vu des " sacro -saintes .. garantes des rites , nous sommes encore loin d'aller vers une idée d'Universalisme .. ( Hélas ...)
Merci pour vos " posts" !
May "
NDLR : A propos de Naama : "Naama ou Na'amah (en hébreu: נעמה, ce qui signifie agréable) est une figure mystique juive. Elle est une ange déchue et succube, elle est généralement considérée comme un aspect ou une relation de Lilith. Naama, aurait été engagée, comme Lilith, dans les relations avec Adam." (sources). Dans un autre texte, Naama est assimilée à Lilith (sources)
Benoite Groult Le féminisme au masculin, éd. Grasset, Paris,1977.
« La subordination d'un sexe à l'autre est mauvaise et représente un des principaux obstacles au progrès d l'humanité. » John Stuart Mill
La femme « a été la première esclave, avant même que l'esclavage existe. Et elle l'est presque partout restée après l’abolition de l’esclavage. » p.18
Benoite Groult analyse avec perspicacité les racines profondes de transformation des femmes en esclaves puis, après avoir évoqué des femmes exceptionnelles qui, depuis le Moyen-Age, ont exprimé conscience de l’oppression de leur sexe, rend hommage aux hommes qui ont rendu possible le féminisme, Poulain de la Barre (17e siècle), Condorcet (18e), Stuart Mill (19e), Saint Simon (19e), Fourier (19e) et d'autres.