La loge, cellule de base de l'ordre maçonnique
L’ordre c’est l’ensemble des structures maçonniques se référant peu ou prou à la tradition.
C’est au niveau de la loge que s’effectue l’admission sous la forme de l’initiation maçonnique ; c’est dans la loge que s’effectue l’appropriation de la « méthode » maçonnique que l’on peut comprendre comme étant une lecture du monde, des relations humaines, du partage du chemin de vie.
C'est en loge que le(la) nouvel(le) initié(e) va acquérir son statut de franc-maçon(e).
Pour toutes ces raisons, on comprend bien que si les maçon(ne)s qui composent la loge ne sont pas capables d'assumer leurs responsabilités, la formation maçonnique sera imparfaite.
Heureusement, le travail personnel permet de corriger les imperfections d'une loge.
Une réalité : la loge sous l'emprise de l'obédience
On ne dira jamais assez que la franc-maçonnerie se pratique en loge ! Pas dans des conseils de l’ordre, pas dans des fraternelles, et surtout pas dans le café du commerce !
La loge, c’est le lieu où tout est possible pour peu qu’on le veuille bien !
La Franc-Maçonnerie, c’est avant tout la loge libre pour des sœurs et des frères libres !
Depuis trois cents ans l’habitude a été prise de donner la primauté aux obédiences : Errare humanum es !!!
Alors que ce sont les loges qui devraient être à l’origine des obédiences, aujourd’hui on voit les obédiences se créer sans une réelle initiative des loges.
L’obédience se justifie pour aider les loges pas pour leur imposer une ligne ! Si la démocratie des fédérations de loges consiste à faire du parlementarisme c’est l’échec de la méthode maçonnique qui se doit d’être respectueuse de l’identité de chacun !
L’obédience propose, la loge dispose !
Les francs-maçonnes et les francs-maçons sont devenus frileux dans l’exercice de la dynamique de la loge : il faut des autorisations des obédiences pour la moindre initiative ! Alors que la loge devrait être souveraine, elle tend à devenir une structure administrative sans réelle personnalité !
Les vénérables sont maintenant des gestionnaires d’un ordre bureaucratique : surtout pas de vague !
A ce régime, les problèmes relationnels sont ingérables : absentéisme, conflits, démissions, scissions sont inévitables !
Si cet état de fait est une généralité, heureusement, ce n’est pas toujours le cas et il y a des loges qui assument complètement leurs responsabilités et savent prendre des initiatives !
C’est plus facile pour les loges libres celles-ci vivent le handicap de l’isolement ou du refuge dans une maçonnerie mystique qui les bride !
La loge maçonnique doit être ouverte, diverse, tolérante et bienveillante ; elle ne peut être monocolore quelle que soit la couleur ! Elle doit favoriser son essaimage dès que son effectif dépasse les 30 membres taille maximum permettant des travaux de qualité !
La loge en appart, çà marche !
C’est un petit pavillon dans une zone résidentielle ; j’arrive vers 18h30 ; trois coups de sonnette et un frère ouvre et m’accueille après présentation (j’avais pris la précaution de prévenir de mon arrivée) ; quelques sœurs et frères sont déjà là !
Chacun s’affaire pour déplacer les meubles du salon et dégager l’espace nécessaire d’environ 4 m sur 3 ; une table est positionnée pour figurer l’orient ; derrière elle sur le mur on accroche le triangle avec l’œil d’Horus, un luminaire figurant le soleil et un autre pour la lune ; le tapis de loge est placé entre trois piliers en fer forgé ; deux petites tables pour les surveillants ; une chaise pour le couvreur, trois autres de chaque côté pour les colonnes ; les deux apprentis s’activent ; des pièces de tissu bleu pour recouvrir les tables et en quelques minutes tout est prêt ; nous sommes une dizaine ; on demande à quelques visiteurs d’occuper les postes vacants.
Puis, la vénérable maîtresse intervient pour inciter chacun à s’asseoir et faire silence pour se concentrer et laisser les métaux à la porte du temple ; un coup de maillet répété deux fois et c’est parti au rite dit français !
La tenue se déroulera tout à fait normalement en suivant l’ordre du jour : rituel d’ouverture, compte rendu des derniers travaux, courriers, planches, interventions, questions diverses et chaîne d’union avant de terminer par la clôture des travaux !
Après quoi, chacun s’active pour remettre tout en place pendant que le maître des banquets et les apprentis installent la table sur la terrasse pour les agapes ! Un repas simple préparé maison, des échanges fraternels et détendus et il est minuit quand on s’embrasse pour se dire au revoir ! Les sœurs et les frères se sont répartis pour les travaux en commission et tout le monde semble content et satisfait !
Pour moi, ce fut une visite édifiante et je me dis que cette maçonnerie en appartement cela avait de la gueule ! Simple, authentique, facile, sans tralala ! Dans cette loge du GODF, on pratique une belle maçonnerie ; nous étions trois visiteurs, il y avait neuf membres présents de l’atelier et quatre excusés ! Au total, tout s’est bien passé ! Cette loge fonctionne comme cela depuis une dizaine d’années et cela ressemble à bien d’autres loges que j’ai pu visiter dans des orients avec temple ! Comme partout, il y a sûrement des petits problèmes relationnels, des égos à conforter et d’autres à calmer mais pas plus !
Bien sur, c’est une situation exceptionnelle dans une province reculée avec des difficultés d’accès mais somme toute on se demande pourquoi cela ne se ferait pas ainsi dans la banlieue parisienne ou ailleurs.
Quand on voit que le dernier convent du GODF a projeté d’acheter et de rénover, pour plusieurs dizaines de millions d’euros, un immeuble jouxtant l’immeuble de la rue Cadet pour permettre à quelques parisiens d’avoir le confort « maternisé » on se dit que décidément le bon sens n’est pas toujours là où on voudrait qu’il soit !
Alors si vous aussi, vous voulez essaimer ou réunir quelques frangins – frangines pour créer un atelier, sachez que la maçonnerie en appart çà marche !
La vieillesse est un naufrage, même en loge ! Mais…!!!
Le général Charles de GAULLE (1890-1970), dans le tome I, L’Appel - 1940-1942, des Mémoires de guerre (1954), évoque le Maréchal Pétain par ces mots « La vieillesse est un naufrage. Pour que rien ne nous fût épargné, la vieillesse du maréchal Pétain allait s’identifier avec le naufrage de la France. »
Depuis lors, il est coutume de reprendre la première partie de cette citation pour évoquer la dégradation physique et intellectuelle de la dernière partie de l’existence.
Le naufrage est avant tout un terme de navigation qui désigne la diminution d’autonomie d’un navire qui aboutit à sa perte ; c’est cette perte d’autonomie qui constitue le primum movens du naufrage.
C’est vrai que la métaphore est bien choisie ; l’être humain vieillissant est d’abord concerné par cette perte d’autonomie qui l’affecte dans plusieurs domaines :
D’un point de vue physique d’abord avec une fatigabilité, une diminution de certaines fonctions et une limitation physique ;
Du point de vue intellectuel aussi avec entre autres, une curiosité diminuée, une difficulté à concevoir d’autres imaginaires et une diminution de la capacité de concentration :
Et également une plus grande sensibilité émotive avec une inquiétude sous jacente plus perceptible et une crainte de l’insécurité qui obère de nombreuses situations.
Cette perte d’autonomie expose à une « navigation » risquée et le naufrage se concrétise lorsque celle-ci n’est plus possible : de la perte progressive d’autonomie on aboutit à la dépendance !
Les progrès de la médecine et des conditions de vie permettent de tempérer cette évolution en offrant des « adaptations » possibles afin de rendre moins affligeante la réalité physiologique !
Si on considère que l’âge de 65 ans constitue l’entrée dans cette tranche de vie, en France, on devrait passer de 15% de la population en 1950 à près de 42 % en 2050.
En loge, aujourd’hui, si on en croît les statistiques du GODF nous en sommes à plus de 30% de membres âgés de 65 ans ou plus pour un âge moyen d’environ 59 ans.
La vieillesse est donc une réalité de la vie en loge !
Mais ne s’agit-il pas d’un sujet tabou que l’on n’aborde pas pour ne fâcher personne ?
C’est vrai que nous avons dans nos rituels la notion mythique du Vénérable, vieux sage à la barbe blanche qui est censé connaître la vie et savoir ce que les autres ne savent pas encore !
Cela n’empêche pas les grands maîtres et les grandes maîtresses de faire des appels au rajeunissement dans le recrutement !
Comment concilier ce rajeunissement avec le ronflement, la surdité, la difficulté de concentration et les leçons de morale du genre « de mon temps .. » ?
Une vraie quadrature du cercle pour les vénérables !
Et pourtant, cette vieillesse est belle quand elle sait rester sa place, se protéger et intervenir à bon escient !
Car la vieillesse est bonne pour la vitalité de la loge si elle s’accepte comme un témoignage et qu’elle fait l’effort de savoir tenir un rôle de recours et non pas d’interventionnisme outrancier !
En conclusion, oui la vieillesse est un naufrage et en avoir conscience autorise de ne pas vouloir se donner en spectacle mais cette vieillesse, si elle sait s’exposer intelligemment, est aussi une gloire et une beauté pour toutes et tous !
Un livre pour tout comprendre sur le fonctionnement d'une loge maçonnique
Agrémenté des dessins de YaKaYaKa, ce livre se veut une réflexion sur le fonctionnement d'une loge maçonnique : le comprendre, connaître les risques de dysfonctionnement et comment les éviter, comment l'améliorer.
On peut se le procurer dans toutes les librairies et aussi sur internet et en particulier en suivant ce lien.
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