En Franc-Maçonnerie, comme dans la vie, les tentations sont nombreuses pour nous faire dévier du chemin authentique et humble vers un perfectionnement personnel. Les tentations apparaissent souvent comme une manière d'être plus efficace et pour cela d'accepter de fermer les yeux sur certaines pratiques peu orthodoxes. On pourrait en définir dix qui parfois mettent en danger le fonctionnement de la loge :
1 - Le carriérisme :
Comme dans tout milieu social, la tentation est grande de vouloir, en franc-maçonnerie, s'inscrire dans un parcours hiérarchique alors qu'il devrait être clair qu'il ne peut y avoir de hiérarchie maçonnique. Le carriérisme c'est d'abord l'accès soit à la filière obédientielle, aux postes d'officiers, puis de vénérable, puis d'être délégué(e) de sa loge, d'accéder au convent, puis au conseil de l'ordre ou conseil fédéral et enfin à la grande maîtrise , soit à la filière des rites , avec le passage dans les ateliers supérieurs, avec ses différents degrés et l'arrivée au suprême conseil. En sachant que l'un n'empêchant pas l'autre et que les grands maîtres adorent se recycler dans les suprêmes conseils !
2 - Le déni :
L'attachement à la démarche maçonnique peut parfois être confronté à l'existence de perturbations dans le fonctionnement des loges et des obédiences ; il peut être tentant de ne rien voir ; ce déni permet d'éluder les problématiques , de faire comme si tout allait bien et de ne surtout pas favoriser l'expression de réflexions ou de doutes .
3 - Le discours :
La loge offre un lieu propice aux prises de parole ; le silence y règne, les interruptions sont exceptionnelles, l'écoute est de qualité ; l'art oratoire étant généralement soit un don de la nature soit le fruit d'une expérience professionnelle, ceux et celles qui le maîtrisent ont généralement un succès garanti. Le danger bien sûr c'est que les envolées du verbe ne soient que des figures de style ; malheureusement, les habitués des discours se rendent rarement compte de ce danger et continuent allègrement à faire "le spectacle" alors que l'auditoire n'est plus dupe !
4 - La forme :
La forme dans la démarche maçonnique, c'est bien sûr l'apparence ! Qu'importe le fond si on peut "y faire joli !" comme on dit dans certaines de nos contrées. La forme en loge maçonnique ce peut être :
se déplacer dans une loge à la façon des militaires, droit comme des i, en marquant les angles en faisant sonner les talons, suivre un rituel impeccable en essayant de contrôler tout ce qui pourrait être une source de "désordre" , en ayant toujours soin d'avoir soit le sourire de circonstance, soit le regard pensif qui convient ;
adorer le costume, le décorum, les bijoux et tout ce qui donne un certain lustre.
En quelque sorte, c'est la tentation de l'apparence du moment présent sans se préoccuper de ce qui adviendra par la suite.
5 - Les hauts grades :
La tentation des hauts grades se fonde d'abord sur le dénigrement du travail maçonnique en loge bleue et sur le mythe d'une pseudo hiérarchisation des qualités humaines de leur recrutement ; s'y ajoute la tentation carriériste. La perversion de cette tentation tient au caractère subtil de sa propagation et de la contamination soft qu'elle réalise ; ceux et celles qui y succombent contribuent à la dévitalisation des loges bleues et à leur dépérissement progressif.
6 - La mystique :
Même si en loge, l'attachement aux rituels n'est pas de même nature que dans d'autres milieux ésotériques, il peut être tentant de ne voir dans la démarche maçonnique qu'une intégration dans le monde des "mystères" ! Du fait de l'importance des croyances, des superstitions et des peurs dans la population générale, il n'est pas étonnant que certain(e)s maçon(ne)s fassent une relation entre la franc-maçonnerie, le spiritisme et le mysticisme, au point de se complaire dans un langage abscons et de dénigrer tout engagement dans la cité.
7 - La politique politicienne :
La politique, c'est aussi le pouvoir avec tous les privilèges qu'on lui attribue. La politique c'est aussi un autre monde pour lequel certains rêvent de gravir les échelons. Un(e) franc-maçon(ne) engagée politiquement c'est souvent la garantie d'accéder à des informations, à d'autres milieux sociaux et aussi de bénéficier d'un relationnel et d'une certaine considération.
8 - Le rejet :
Si le déni permet d'occulter les problèmes, le rejet est la solution adoptée par de nombreux démissionnaires qui ont quitté ou sont prêts à quitter le monde maçonnique qui se voit dès lors accusé de tous les pêchés du monde jusqu'à alimenter le complotisme et les accusations de satanisme.
9 - La séduction :
La loge est un genre de cocon qui offre une grande proximité ; les sentiments fraternels qui sont valorisés, associés au tutoiement , peuvent favoriser le versant affectif de la relation interpersonnelle, dans un sens ou dans un autre. C'est toujours difficile d'assumer une indépendance d'expression dans un contexte où l'affectivité s'exprime aussi bien de façon positive que négative. L'affectivité positive favorise le copinage voire le clanisme ; l'affectivité négative contribue à éloigner les clans des uns et des autres ; tout cela n'est pas très bon pour réaliser le centre de l'union.
10 - L'utilitarisme :
Avec la tentation politique, la tentation utilitaire est la plus destructrice des ambiances de travail en loge maçonnique ; la tentation utilitaire vise à faire de l'engagement maçonnique un atout dont on va tirer parie ; c'est d'abord dans la relation commerciale qu'on la trouve ! Quand on succombe à cette tentation, rien d'autre n'a d'importance et la participation à la réflexion maçonnique s'évapore : surtout pas de vagues, être bien avec tout le monde et surtout être présent(e) aux agapes car c'est là que tout va se jouer !
コメント