Le Samedi 10 février 2024, à l'occasion de la clôture des 32e REHFRAM (Rencontre humanistes et fraternelles africaines et malgaches) à Lomé au Togo, Le Grand Maître du Grand Orient de France, Guillaume TRICHARD a prononcé un discours qui devrait marquer. Nous avons surligné les phrases qui semblent indiquer que notre GM a enfin pris la mesure des réalités ! Espérons que très vite des changements interviendront pour permettre à la franc-maçonnerie africaine de rayonner !
"Ma T∴C∴S∴ Présidente des 32e REHFRAM et Présidente de la CPMAM, M∴T∴C∴S∴ Maïmouna,TT∴RR∴ Grands Maîtres et Grandes Maîtresses des Puissances Maçonniques d’Afrique et de Madagascar, et des Obédiences ici invitées, TT∴RR∴ Passés Grands Maîtres et Grandes Maîtresses,Mes TT∴CC∴FF∴, mes TT∴CC∴SS∴,
C’est un honneur et un privilège de m’adresser à vous dans le cadre de ces 32e rencontres humanistes et fraternelles d’Afrique et de Madagascar. Si je n’ai pu honorer l’assemblée générale de la CPMAM de ma présence, comme j’aurais tant, oui tant aimé le faire, je veux devant vous toutes et tous, vous adresser quelques points qui me paraissent essentiels s’agissant de la relation qui lie le Grand Orient de France aux Obédiences libérales et adogmatiques africaines et malgaches.
Un proverbe africain dit : « les pieds ne vont que là où le cœur est déjà ». Mon cœur est en Afrique depuis qu’il y a quatorze ans j’ai découvert, au Cameroun, une famille qui m’a accueilli et qui est devenue ma famille de cœur.
Aussi, si je suis ici devant vous, ce n’est pas pour me prêter à un exercice maçonnique convenu, sans odeur ni saveur. C’est pour vous parler avec mon cœur.
C’est pour vous rappeler que dès mon accession à la Grande Maîtrise j’ai souhaité que le Grand Orient de France renoue avec l’Afrique, avec les Afriques, écrive une nouvelle page de son Histoire. Je souhaite en effet que le Grand Orient de France rétablisse une confiance durable avec les Puissances Maçonniques Africaines et Malgaches libérales et adogmatiques, une confiance et je dirais même une complicité.
Ainsi après un premier voyage au Cameroun, au Gabon, au Congo Brazzaville, puis en Côte d’Ivoire où j’ai décidé de la réhabilitation du Temple Chardy qui sera un point de rassemblement et de rayonnement de la franc-maçonnerie libérale et adogmatique en Afrique, je suis maintenant au Togo et je serai dimanche au Bénin. Et j’irai à Madagascar en avril prochain.
Je veux vous parler avec mon cœur, mais vous parler avec mon cœur ce n’est pas parler sans que la Raison ne s’exprime.
Dans l’Histoire du Grand Orient de France, c’est la première fois qu’un Grand Maître s’est déplacé dans autant de pays d’Afrique en si peu de temps. Mais pourquoi ?
Parce que très vite j’ai senti que les attentes étaient nombreuses. Les attentes sont fortes. Elles sont légitimes. Elles sont aussi mutuelles.
Si les attentes sont légitimement fortes et mutuelles, c’est que les temps ont changé. Oui les temps ont changé… et je crois que la nature même de nos relations a changé.
Bien sûr le Grand Orient de France a, ici en Afrique, une Histoire, que notre Obédience ne renie pas, une Histoire qu’elle regarde en face, faite de moments glorieux et de moments qui le sont moins. Reconnaissons-le, ensemble, le Grand Orient de France a porté, avec ses patentes, sur les fonts baptismaux laïques cette franc-maçonnerie libérale et adogmatique que nous servons et chérissons tous. Et chacun connait ici le poids de ces mots…
Mais le Grand Orient de France d’aujourd’hui n’est plus celui d’hier. Il doit avoir sur le continent africain sa place, rien que sa place mais toute sa place.
Sa place, qu’elle est-elle ? Non pas celle d’une Obédience mère comme cela peut se dire et se pratiquer dans la franc-maçonnerie dogmatique, mais bien comme d’une Obédience sœur dont le terme parle au cœur des francs-maçons que nous sommes. Alors oui, une grande sœur il est vrai. Et vous savez ici mieux qu’ailleurs quelle est la place et le rôle d’une grande sœur dans la famille africaine.
Cela signifie qu’il nous faut construire ensemble un nouveau pacte pour faire progresser la franc-maçonnerie libérale et adogmatique, un pacte d’alliance. Le Grand Orient de France y prendra toute sa place, et assumera les responsabilités qui sont les siennes, celles d’une grande sœur… sans hégémonie ni arrogance mais avec responsabilité, fraternité et bienveillance.
Car les pays d’Afrique ont besoin de plus de franc-maçonnerie libérale et adogmatique.
En effet, les défis qui nous interpellent sont immenses, ils sont planétaires, ils imposent, dans l’intérêt commun, que la communauté internationale de la franc-maçonnerie libérale et adogmatique que nous constituons puisse peser de tout son poids pour pouvoir apporter des réponses, des solutions. Ici sur le continent africain comme ailleurs.
Je n’en citerai que quelques-uns. Vous en avez d’ailleurs débattu dans le cadre de vos utiles travaux.
Le premier des défis est le changement climatique. C'est un défi vital pour tous les êtres humains. La pollution de l’air, de la terre, des mers provoque déjà des millions de morts prématurées, et la destruction de la biodiversité si précieuse.
Le deuxième des défis, ce sont les mouvements migratoires des humains qui méritent mieux que des postures et des impostures politiciennes et pour lesquels les francs-maçons doivent faire entendre leur voix, la voix de la Raison, des Sciences. C’est pourquoi nous avons lancé avec plusieurs Obédiences Africaines, Méditerranéennes, Européennes un cycle de réflexion qui conduira à un symposium sur le sujet. Je profite de cette tribune pour inviter toutes celles et tous ceux qui veulent y prendre part à s’y investir, en toute égalité.
Le troisième des défis est le retour des intégrismes religieux et leur influence néfaste dans la vie politique, économique et sociale des pays. Cela nécessite que nous soyons très nombreux et organisés pour rappeler que la liberté absolue de conscience est la seule voie qui permet l’émancipation de tous les humains et que la laïcité est le chemin de la concorde et de la paix.
Le quatrième des défis est l’affaissement démocratique dans de nombreux pays. Cette année, plus de 4 milliards de femmes et d’hommes seront appelés aux urnes dans soixante-quinze élections. A titre d’exemple, ce qui se passe au Sénégal nous montre combien les équilibres démocratiques sont précaires et imposent que nous continuions de porter avec force nos principes de liberté, d’égalité et de fraternité dans nos Temples et en dehors de nos Temples.
Oui, nous sommes je le crois, à un point de bascule, ici sur le continent africain où l’interventionnisme maçonnique des obédiences dogmatiques a montré ses limites et ses échecs, et ce dans de nombreux pays. Il est impératif, selon moi, que nous puissions démontrer tous ensemble, dans un contexte qui nous est favorable, que l’on peut mieux faire en diffusant nos principes et valeurs dans la société.
“Reconquérir un nouvel ordre social” pour des sociétés plus solidaires et fraternelles, tel que vous l’avez décrit dans vos travaux, me paraît ainsi une ambition plus que nécessaire, elle me paraît vitale même.
Ma T∴C∴S∴ Présidente, mes TT∴CC∴FF∴, mes TT∴CC∴SS∴, c’est en ami des Afriques que je vous ai adressé ces mots. C’est en ami donc que je nous invite à relever ces défis essentiels. Et je crois que ce proverbe africain n’a jamais eu autant de sens : « Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin ».
Et j’y ajouterai celui-ci : « Là où on s’aime, il ne fait jamais nuit. »
Ma T∴C∴S∴ Présidente, mes TT∴CC∴FF∴, mes TT∴CC∴SS∴, je vous adresse les plus fraternelles salutations des membres du Conseil de l’Ordre et des 54 000 Frères et Sœurs du Grand Orient de France.
J’ai dit."
Quel sera le nouveau pacte ? Que décidera le futur convent ? Qu'en pensen les loges africaines ?
Beaucoup de questions et beaucoup d'espérance ! I
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