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Photo du rédacteurMatéo Simoita

Le symbolisme de midi-minuit





A quelle heure ..... Il y a les mots et le sens qu'ils ont !

Il y a aussi le poids de l'histoire et le vécu de ceux qui se risquent à vouloir comprendre !

Notre démarche maçonnique contemporaine s'honore souvent de conserver l'usage de certains mots mais qui sait encore ce qu'ils ont signifié ?

Certains peuvent être tentés de redonner un autre sens à ces mots en faisant fi de la continuité du sens historique et culturel et peut-être ont-ils raison même s'il est parfois déroutant de jouer avec le non-sens !

D'autres souhaiteraient retrouver la force d'inspiration de ce courant de pensée qu'a été la Franc-maçonnerie au 18è siècle; ceux-là s'attachent à conserver le poids des mots en croyant que leur utilisation est le gage du renouveau.

D’autres encore seraient désireux de recréer un vocabulaire plus cohérent et plus authentiquement en phase avec une démarche initiatique contemporaine !

Ne pourrait-on pas convenir que l'histoire est derrière nous et que notre pratique aujourd'hui est forcément différente.

Nous utilisons des mots chargés d’histoire et de sens auxquels il est parfois difficile d’adhérer mais au moins faut-il les comprendre dans leur sens originel.

L’objectif de cette planche est de vous présenter ce qui semble être le sens originel du symbolisme de Midi et de Minuit dans les rituels maçonniques. C’est un thème qui n'est bien souvent abordé que sur l'angle des similitudes .


Midi, Minuit , sont des mots poétiques, des mots relatifs à un temps, à ce temps qui détermine la durée de nos travaux !

On retrouve ces mots dans les plus anciens rituels du 18è siècle insérés dans ces demandes et réponses que nous utilisons encore aujourd'hui comme cela a été cas à l’ouverture de nos travaux ; voici une version qui date de 1747 :

Demande du Vénérable : F.·. ler Surveillant, à quelle heure se fait l'ouverture de la loge d'apprenti maçon ?

Réponse : Très Vénérable, à Midi plein.

D : Vénérable 2ème Surveillant, quelle heure est il ?

R : Très Vénérable, il est midi plein.

D : Puisqu'il est midi plein et que c'est à cette heure que se fait l'ouverture de la loge d'apprentis et que commencent nos travaux, Vénérable Frère 1er Surveillant, dites au Frère 2ème Surveillant qu'il me fasse passer par sa colonne, le mot, la passe, le signe et l'attouchement et leurs significations et vous mes Frères passez la même chose par votre Colonne afin de nous assurer que nous sommes ici tous Frères.

.......

D : Vén.·. F.·. premier Surveillant, à quelle heure devons-nous fermer nos travaux?

R : A minuit.

D : Quelle heure est-il ?

R :Minuit.

D : Puisqu'il est minuit et que c'est l'heure à laquelle nous terminons nos travaux, FF.·. premier et second Surveillant, invitez les Frères à m'aider à fermer les travaux, etc.

Qui d'entre nous ne s'est pas interrogé sur la bizarrerie de ces références rituéliques ?

Comment comprendre que des hommes d'actions comme les compagnons bâtisseurs que nous honorons et dont nous nous réclamons, puissent s'être reconnus dans un temps de travail qui commence à midi et se termine à minuit ?

Qui peut croire que ces horaires de travail soient réalistes, opérationnels et recommandables ?

Ici, tout est symbole ! Encore faut-il le comprendre !

Le rituel donne un indice en évoquant le soleil à son zénith mais cela est insuffisant pour justifier la permanence avec laquelle les textes et les pratiques se sont référés et continuent de se référer à ce découpage du temps !

On évoque aussi le Soleil et la Lune, les deux Saint-Jean, mais à ce qu'il me semble, un défaut de cohérence restait trop patent pour que je me satisfasse de tant d'imprécisions !

Comment justifier cette incongruité et cette distorsion avec le sens commun de mots simples et précis appliqués à un objet lui-même bien identifié !

Si on reprend les anciens textes compagnonniques et en particulier le Regius , les francs-­maçons opératifs se retrouvaient essentiellement sur trois principes:

  • l'excellence dans la pratique du métier

  • l'excellence dans le respect d'une rigueur morale

  • l'obéissance dans l'organisation sociale de la société médiévale imprégnée par la référence christique


Hommes de devoir et de travail, comment pouvaient-ils se reconnaître dans un temps de travail aussi antinomique avec les exigences d'un métier ?

Bien sûr, il s'agit là de symboles ; le temps symbolique et le travail symbolique ne se retrouvent pas obligatoirement dans le sens commun des mêmes mots !

De quel travail s'agit-il ? et quel lien avec l'initiation ?

Est-ce le travail symbolique individuel sur soi-même ?

Est-ce plutôt un travail symbolique collectif ?

Pourquoi tant d'opacités par rapport à d'autres développements ?

La réponse à ces questions ne peut pas être comprise si on oublie de replacer les rituels maçonniques dans leurs logiques historiques.

Trois grandes logiques imprègnent l'histoire de la Franc-maçonnerie:

  • L'initiation comprise comme un processus d'accompagnement de Jésus-Christ

  • l'initiation comprise comme un syncrétisme religieux concurrentiel à l'événement christique

  • et l'initiation comprise comme une démarche sociétale désacralisée


En analysant les différents rituels et les théorisations qu’ils ont suscitées, il est possible de les rattacher peu ou prou à l'une de ces trois logiques.

Cette coexistence des logiques à travers différents rituels et surtout les interprétations différentes d'éléments symboliques identiques ont pu à une certaine époque constituer une richesse d'inspiration attractive pour les éléments les plus brillants des courants de pensée.

L'évolution historique de la pensée, l'incapacité organisationnelle des grands courants de la Franc-maçonnerie et l'adaptation des puissances religieuses aux nouvelles conditions d'expression des fondamentaux expliquent pour l'essentiel que la Franc-maçonnerie ait perdue toute la puissance d'inspiration qui a été la sienne au 18è siècle pour n'apparaître aujourd'hui que sous l'aspect d'une activité sociale associative occupationnelle.

L'interprétation symbolique oblige à nous référer aux deux principales logiques qui se distinguent dans leur réappropriation de l'initiation christique.

Pour revenir au sujet de ce travail, il est clair que derrière les paroles du rituel qui fixent le début et la fin des travaux de loge à midi et à minuit, se profile un autre espace temps ! Quel est cet espace temps auquel pourrait se référer Midi et Minuit !

Comme toujours en Franc-Maçonnerie, la compréhension des symboles doit d'abord être recherchée dans la Bible ! A l'époque où la franc-maçonnerie fut créée en Angleterre, la Bible en usage était la King James Version Bible, plus simplement nommée KJV.


Le premier élément de réponse qui vient à l'esprit se retrouve dans ce volume de la loi sacrée que fut la Bible pour toutes les loges de Saint-Jean et en particulier l'évangile selon Saint Jean.

Dans les loges, la Bible était ouverte au niveau du prologue ; qu'est-il écrit ?

1 - Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu.

2 - Elle était au commencement avec Dieu.

3 - Toutes choses ont été faites par elle, et rien de ce qui a été fait n'a été fait sans elle.

4 - En elle était la vie, et la vie était la lumière des hommes.

5- La Lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont point reçue

6- Il y eut un homme envoyé de Dieu : son nom était Jean

7- Il vint pour servir de témoin, pour rendre témoignage à la lumière, afin que tous crussent en lui.

8 – Il n’était pas la lumière mais il parut pour rendre témoignage à la lumière.

9 – Cette lumière était la véritable lumière, qui, en venant dans le monde, éclaire tout homme.

10 – Elle était dans le monde, et le monde a été fait par elle, et le monde ne l’a point connue.

11 – Elle est venue chez les siens, et les siens ne l’ont point reçue.

12 – Mais à tous ceux qui l’ont reçue, à ceux qui croient en son nom, elle a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, lesquels sont nés.

13 - non du sang, lÙ de la volonté de la chair, lÙ de la volonté de l'homme, mais de Dieu.

14 - Et la parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité; et nous avons contemplé sa gloire, Ille gloire comme la gloire du Fils unique venu du Père.

15 - Jean lui a rendu témoignage, et s'est écrié: C'est celui dont j'ai dit : Celui qui vient après moi m'a précédé, car il était avant moi.

16 - Et nous avons tous reçu de sa plénitude, et grâce pour grâce;

17 - Car la loi a été donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ.

18 - Personne n'a jamais vu Dieu; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, est celui qui l'a fait connaître.

19 - Voici le témoignage de Jean, lorsque les Juifs envoyèrent de Jérusalem des sacrificateurs et des Lévites, pour lui demander: Toi, qui es-tu?

20 - Il déclara, et ne le nia point !, il déclara qu'il n'était pas le Christ

21 - Et ils lui demandèrent: Quoi donc es-tu Elie? Et il dit : Je ne le suis point. Es-tu le prophète? Et il répondit : Non.

22 - Ils lui dirent alors: Qui es-tu ? afin que nous donnions une réponse à ceux qui nous ont envoyés. Que dis-tu de toi-même?

23 - Moi, dit-il, je suis la voix de celui qui crie dans le désert: Aplanissez le chemin du Seigneur, comme a dit Esaïe, le prophète.

24 - Ceux qui avaient été envoyés étaient des pharisiens.

25 - Ils lui firent encore cette question: Pourquoi donc baptises-tu, si tu n'es pas le Christ, ni Elie, ni le prophète 7

26 - Jean leur répondit: Moi, je baptise d'eau, mais au milieu de vous il y a quelqu'un que vous ne connaissez pas, qui vient après moi;

27 - je ne suis pas digne de délier la courroie de ses souliers.

28 - Ces choses se passèrent à Béthanie, au delà du Jourdain, où Jean baptisait.

29 - Le lendemain, il vit Jésus venant à lui, et il dit : Voici l'Agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde.

30 - C'est celui dont j'ai dit : Après moi vient un homme qui m'a précédé, car il était avant moi.

31 - Je ne le connaissais pas, mais c'est afin qu'il fût manifesté à Israël que je suis venu baptiser d'eau.

32 - Jean rendit ce témoignage: J'ai vu l'Esprit descendre du ciel comme une colombe et s'arrêter sur lui.

33 - Je ne le connaissais pas, mais celui qui m'a envoyé baptiser d'eau, celui-là m'a dit : Celui sur qui tu verras l'Esprit descendre et s'arrêter, c'est celui qui baptise du Saint-Esprit.

34 - Et j'ai vu, et j'ai rendu témoignage qu'il est le Fils de Dieu,

35 - Le lendemain, Jean était encore là, avec deux de ses disciples;

36 - et, ayant regardé Jésus qui passait, il dit : Voilà l'Agneau de Dieu.

37 - Les deux disciples l'entendirent prononcer ces paroles, et ils suivirent Jésus,

38 - Jésus se retourna, et voyant qu'ils le suivaient, il leur dit : Que cherchez-vous? Ils lui répondirent: Rabbi (ce qui signifie Maître), où demeures-tu ?

39 - Venez, leur dit-il, et voyez, Ils allèrent, et ils virent où il demeurait; et ils restèrent auprès de lui ce jour-là, C'était environ la dixième heure,

40 - André, frère de Simon Pierre, était l'un des deux qui avaient entendu les paroles de Jean, et qui avaient suivi Jésus,

41 - Ce fut lui qui rencontra le premier son frère Simon, et il lui dit: Nous avons trouvé le Messie (ce qui signifie Christ).

42 - Et il le conduisit vers Jésus, Jésus, l'ayant regardé, dit : Tu es Simon, fils de Jonas; tu seras appelé Céphas (ce qui signiffie Pierre),

43 - Le lendemain, Jésus voulut se rendre en Galilée, et il rencontra Philippe, Il lui dit : Suis-moi, 44 - Philippe était de Bethsaïda, de la ville d'André et de Pierre,

45 - Philippe rencontra Nathanaël, et lui dit: Nous avons trouvé celui de qui Moïse a écrit dans la loi et dont les prophètes ont parlé, Jésus de Nazareth, fils de Joseph.

46 – Nathanaël lui dit: Peut-il venir de Nazareth quelque chose de bon? Philippe lui répondit: Viens, et vois. 47 - Jésus, voyant venir à lui Nathanaël, dit de lui: Voici vraiment un Israélite, dans lequel il n'y a point de fraude.

48 - D'où me connais-tu? lui dit Nathanaël. Jésus lui répondit: Avant que Philippe t'appelât, quand tu étais sous le figuier, je t'ai vu,

49 - Nathanaël répondit et lui dit : Rabbi, tu es le Fils de Dieu, tu es le roi d'Israël.

50 - Jésus lui répondit: Parce que je t'ai dit que je t'ai vu sous le figuier, tu crois ; tu verras de plus grandes choses que celles-ci,

51 - Et il lui dit : En vérité, en vérité, vous verrez désormais le ciel ouvert et les anges de Dieu monter et descendre sur le Fils de l'homme.

Un peu plus loin, il est écrit que Jésus parla aux Juifs pour leur dire:

« Moi, je suis la lumière du monde. Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, il aura la lumière de la vie.»

et Jean ajoute : Il prononça ces paroles alors qu'il enseignait au Temple, du côté du Trésor. Et personne ne l'arrêta, parce que son heure n'était pas encore venue.

Un peu plus loin retraçant le processus de condamnation de Jésus par Pilate, Jean écrit :

« Dès lors, Pilate cherchait à le relâcher; mais les Juifs se mirent à crier : Si tu le relâches, tu n'es pas ami de l'empereur. Quiconque se fait roi s'oppose à l'empereur.

13 - En entendant ces paroles, Pilate amena Jésus au-dehors; il le fit asseoir sur une estrade à l'endroit qu'on appelle le Dallage (en hébreu: Gabbatha).

14 - C’était un vendredi, la veille de la Pâque, vers midi. Pilate dit aux Juifs : « Voici votre roi »

15 - Alors ils crièrent: « A mort ! A mort ! Crucifie-le! » Pilate leur dit : « Vais-je crucifier votre roi? » Les chefs des prêtres répondirent : «Nous n'avons pas d'autre roi que l'empereur »

16 - Alors, il leur livra Jésus pour qu'il soit crucifié, et ils se saisirent de lui. »


A la lecture de ce texte, on comprend maintenant que Midi symbolise l'heure du début de l'essentiel de la démarche christique, c’est-à-dire le début de la crucifixion.


D’une certaine manière, l’initiation maçonnique pourrait se comprendre comme une réappropriation de la phase finale du parcours obligé de Jésus Christ vers la Lumière ; cette réappropriation se fait à travers le langage symbolique théoriquement uniquement compréhensible par les initiés. L’intelligence des textes maçonniques en utilisant le contenu symbolique des mots permet à des êtres incultes de croire qu’ils ont compris quelque chose alors que l’essentiel leur échappe. L’initiation maçonnique dans son concept initial ne se décrète pas : elle se vit.


Mais qu'en est-il de Minuit ?

La tradition biblique véhicule la croyance que l’espérance est fondée sur le Seigneur dont le rayonnement se compare à celui du soleil. Dans la Bible, la nuit, temps d'obscurité, a souvent une connotation négative: c'est un temps d'épreuve. Mais la nuit se révèle aussi être un temps privilégié d'espérance. Le veilleur de nuit sait avec certitude que la noirceur fera place à la lumière. C'est pourquoi la nuit est une période où se jouent des événements marquants de l'histoire du salut.

Le premier grand geste de salut posé la nuit fut la fuite du peuple choisi hors de l'Égypte.

Lors des négociations de Moïse avec Pharaon, Yahvé fait venir une obscurité qui régnera pour trois jours (Ex 10,21-23). Cette nuit prolongée est, pour les Égyptiens, une véritable malédiction, d'autant plus que pour les Israélites, la lumière continue de briller!


Mais, paradoxalement, c'est au cœur de la nuit que le peuple d'Israël trouvera la liberté. À trois reprises, le récit de l'Exode mentionne que Yahvé fait périr les premiers-nés « au milieu de la nuit» (11,4; 12,12.29). À la suite de quoi, Moïse et son peuple purent quitter l'Égypte. La première Pâque, fête par excellence de la libération, fût célébrée la nuit.

La nuit est donc perçue comme le moment ou s'opère le jugement divin. Les justes s'en tireront à bon compte, les infidèles périront. C'est dans cet esprit que Sophonie décrit le Jour de Yahvé, pourtant attendu comme la délivrance ultime : « Jour de fureur, ce jour-là ! jour de détresse et de tribulations, jour de désolation et de dévastation, jour d'obscurité et de sombres nuages, jour de nuées et de ténèbres. »(1,15)


Mais les fidèles gardent espoir en Yahvé et voient le jour se lever (Es 9,1).

Dans le Nouveau Testament, la nuit occupe une place bien particulière. L'institution de l'Eucharistie a lieu « la nuit même où il (Jésus) était livré» (1 Co 11,23).


Dans l'Évangile selon saint Luc, Jésus associe l'heure de son arrestation avec les puissances maléfiques : « Chaque jour, j'étais avec vous dans le Temple, et vous ne m'avez pas arrêté. Mais c'est maintenant votre heure, c'est la domination des ténèbres. »


Tout cela conduira toutefois à la victoire de la lumière. L'Ange du Seigneur, assis sur la pierre roulée du tombeau vide, porte un vêtement clair, blanc comme la neige (Mt 28,3).

Les chrétiens et les chrétiennes n'ont plus à craindre la nuit puisque la lumière de Pâque brille désormais sans cesse. Comme le peuple d'Israël quittant l'Égypte, les disciples, après la résurrection, sont libérés de leur prison en pleine nuit (Ac 5,19). Il arrive la même chose à Pierre (Ac 12,6-7).


Lorsque Paul rencontre le Christ (Ac 9,1-19), il est aveuglé et demeure dans la nuit durant trois jours. À la suite de quoi, la lumière du Sauveur ne cessera de briller pour lui (Ep 5,8-14).

Tout se passe comme si l'essentiel de la vie de l'initié était contenu entre ces deux temps : de midi, début du processus de la résurrection, à Minuit, fin du temps initial et célébration de l'obtention de la vie éternelle !

En plaçant leur champ de travail et de réflexion dans cette période de la vie de Jésus, et qui plus est dans un lieu, le temple de Salomon, dédié au GADLU, les concepteurs de la démarche maçonnique placèrent délibérément l’initié franc-maçon dans le processus qui l’amènerait à vivre le mystère de la résurrection.


De Midi à Minuit ce peut être aussi de Saint-Jean Baptiste à Saint-Jean l'Evangéliste !


Jacques Viret dans son étude intitulée "Un cryptogramme carolingien du Christ–Soleil" rappelle que :


"Le 24 juin, fête de saint Jean-Baptiste, on chante aux premières vêpres de la liturgie latine une hymne en l’honneur du saint, dont la première strophe a acquis une notoriété particulière depuis qu’au xie siècle le théoricien Guy d’Arezzo en a tiré son système de solmisation."

UT queant Iaxis

MIra gestorum

SOLve pollute

REsonare fibris

FAmuli tuorum,

LAbii reatum.

Sancte Ioannes

La traduction donnée dans le Paroissien Romain (éd. Desclée No 904, p. 895) est :


"Pour que vos serviteurs, à gorge déployée. Puissent, de votre vie, exalter les hauts faits. Enlevez, ô saint Jean, de leur lèvre souillée. Toute l’impureté".


Toute la démonstration de Jacques Viret est d'assimiler le symbolisme du parcours de Jésus Christ à celui de l'espace temps qui sépare la Saint Jean Baptiste de Saint Jean l'Evangéliste et la course apparente du Soleil.


"L’étude des sources théologiques, liturgiques, historiques et iconographiques montre l’importance primordiale du symbolisme solaire pour la civilisation chrétienne (et aussi paĩenne) de la fin de l’Antiquité et du haut Moyen Age. Et l’Ecriture elle-même en donne l’exemple : du "fiat lux" de la Genèse jusqu’à l’Apocalypse les termes "lumière", "soleil", "feu" etc. reviennent avec constance dans le texte inspiré. Pour le Nouveau Testamen la vision lumineuse se concentre avant tout sur la personne du Christ, dont le prophète Malachie a prédit la venue comme d’un "Soleil de justice" (Mal. 4, 2) ; l’expression, reprise dès les environs de l’an 200 par Clément d’Alexandrie7, deviendra rapidement l’une des épithètes favorites assignées au Messie. De même le cantique de Zacharie annonce "la visite du Soleil levant" (Luc 1, 78) et celui de Siméon salue la "lumière pour éclairer les nations" (Luc 2, 32). Tout au long de son Evangile Jean associe la lumière à la vie comme l’un des attributs essentiels du Verbe ou Logos, et l’on notera à ce sujet que les deux mots grecs signifiant lumière et vie, "phôs" et "zôè", sont souvent représentés en croix, durant les premiers siècles de l’ère chrétienne."

Cette compréhension ne concerne pas uniquement le contenu symbolique du début et de la fin des travaux car il permet plus globalement de comprendre la spécificité de l’inspiration maçonnique dans l’œuvre des tailleurs de pierre de nos cathédrales et aussi l’opposition farouche et irréductible du Vatican à tout rapprochement avec la Franc-Maçonnerie.


Conclusion


Au total, à l’issue de cette étude du contenu symbolique du début et de la fin des travaux maçonniques au travers de l’utilisation de l'expression "de Midi à Minuit", il est possible de dire que toute l’originalité de l’imaginaire maçonnique repose sur trois axiomes :

  • la Franc-maçonnerie met en avant une démarche initiatique très imprégnée de l'expérience christique présentée par un langage symbolique,

  • les rituels maçonniques proposent un travail initiatique centré sur "l'espérance" d'une mort profane,

  • l'objectif initiatique de la démarche maçonnique vise la résurrection de l'initié dans la continuité de l'expérience christique !

La connaissance du sens premier du contenu symbolique permet de mieux comprendre la logique des rites. Il n'est pas nécessaire pour autant d'en faire un dogme et chacun a le droit de se réapproprier les symboles à partir d'une grille de lecture personnelle.

J’ai dit.

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