NDLR : Philippe Guerlet, fondateur du site www.faunesauvage.fr, nous a adressé cet appel à soutenir Paul Watson que nous partageons complètement !
Paul Watson, ardent défenseur des cétacés à travers tous les océans du globe, croupit depuis le mois de juillet dans les geôles du Groenland - territoire autonome constitutif du Royaume du Danemark, membre de la Communauté Européenne faut-il le rappeler...). Il y attend qu’un juge local daigne statuer, après de nombreux reports, sur la demande d’extradition émise par le Japon à son encontre, bien décidé à l’envoyer derrière les barreaux pour une bonne dizaine d’années.
Mais quel crime odieux cet «éco-terroriste» de 74 ans a t’il bien pu commettre pour s’attirer ainsi les foudres de l’Empire du Soleil Levant ? Certainement un sabotage ou un abordage, si l’on considère que l’emblème de son ONG Sea Shepherd est une tête de mort !
Pensez-donc ! Officiellement, on lui reproche d’avoir blessé en février 2010 un marin du bateau, Shonan Maru 2, un navire harpon destiné à la chasse aux baleines. Blessures occasionnées par... une «puissante boule puante» contenant de l’acide butyrique.
Mascarade. Fumisterie.
Recontextualisons les faits pour comprendre le ridicule de la situation.
1986. La Commission Baleinière Internationale, l’organisme mondial chargé de la conservation des baleines et de la gestion de la chasse à la baleine adopte un moratoire interdisant la chasse commerciale mais autorisant quelques peuples à perpétuer une chasse traditionnelle dite de subsistance (Alaska, l’île de Bequia, et ... le Groenland)
Si quelques rares pays comme la Norvège et l’Islande continuent malgré tout à chasser la baleine à grande échelle, le Japon quant à lui s’engouffre dans une brèche qui permet une chasse scientifique à vocation de recherche. Ni une ni deux, la flotte baleinière Niponne file en Antarctique prélever des centaines de baleines de Mink, bien décidée à percer les secrets biologiques de cette espèce protégée.
Problème, la viande de baleine ne finit pas sous les microscopes de scientifiques, mais bel et bien dans le palais de riches clients de restaurants Tokyoïtes. A tel point que la Cour internationale de justice somme le Japon en 2014 de mettre fin à ses campagnes de chasse, soulignant qu’elles ne correspondaient pas aux critères scientifiques requis.
C’est là qu’intervient Paul le Pirate. Devant l’inaction et l’hyprocrisie généralisée, là où la diplomatie échoue, Sea Shepherd envoie ses équipes s’interposer entre les baleines et les navires japonais.
Concrètement cela consiste à placer un frêle esquif en caoutchouc sur la ligne de tir du harpon, dans une eau proche de son point de congélation agitée par des creux de plusieurs mètres, à plusieurs milliers de kilomètres des premières côtes hospitalières. Parfois aussi à lancer des... boules puantes sur les carcasses de baleines entreposées sur le pont afin d’avarier la viande et la rendre impropre à la consommation.
Internet regorge de vidéos montrant les risques insensés pris par les activistes courageux. Mais aussi prouvant les manoeuvres criminelles effectuées par la flotte Japonaise, comme celle-ci montrant le navire de Sea Shepherd pris en tenaille entre deux baleiniers
ou celle-ci montrant un baleinier éperonner volontairement un autre bateau de Sea Shepherd
Objectivement, qui mériterait d’être poursuivi pour mise en danger de la vie d’autrui ?
Depuis «l’affaire» de la boule puante en 2010, le Japon a claqué la porte de la CBI, estimant que les populations de baleines s’étaient suffisamment reconstituées pour supporter de nouveau une pêche commerciale, et continue dorénavant son activité mortifère dans ses eaux territoriales.
Voilà la réalité du crime commis par Paul Watson, dont le sort ne semble pas émouvoir les gouvernements de ce monde, les mêmes qui multiplient les grand-messes (COP) et les effets d’annonce pour tenter d’endiguer la sixième extinction des espèces à laquelle nous faisons face actuellement.
Certes engagée, son action est-elle pourtant moins utile que celle de la formidable Jane Goodall, dont les études sur les chimpanzés et l’aide apportée aux communautés locales lui ont valu récemment d’être honorée à l’Unesco ?
Certes moins glamour, son combat est-il moins nécessaire que celui de l’iconique Brigitte Bardot, qui en 1977 était interdite de sortie du territoire Canadien, menacée par des trappeurs pour s’être opposée au massacre de bébés phoque sur la banquise de Terre-Neuve, et exfiltrée grâce à l’intervention du gouvernement Français ?
Gouvernement Français (qui a certes d’autres chats à fouetter en cette période) qui ne donne pas suite à la demande de naturalisation Française faite par ses avocats. Celle-ci ne mérite-t’elle pas pourtant d’être examinée avec autant d’attention et d’empressement que celles de sportifs étrangers pourvoyeurs potentiels de médailles ?
L’homme en vaut la peine. Philanthrope, humaniste, il correspond à nos valeurs.
Je peux en attester personnellement pour l’avoir rencontré à différentes occasions. Fondateur du site internet FauneSauvage.fr consacré à la préservation de la biodiversité, j’ai suivi de près quelques-uns de ses combats, dont certains prennent place dans nos eaux territoriales : navire-usines qui pillent les eaux du Golfe de Gascogne, braconnage des tortues à Mayotte, création d’un sanctuaire pour les animaux du Marineland d’Antibes...
Son combat aussi est important.
Emprisonner Paul Watson, c’est tolérer que des défenseurs de l’environnement soient asssassinés en Amazonie, c’est accepter que des phytosanitaires cancérigènes et destructeurs de biodiversité soient à nouveau utilisés dans nos champs, c’est financer des forages polluants dans des régions sauvages pour extraire des énergies fossiles... bref c’est baisser les bras et signer un blanc-seing à tous ceux qui placent leurs profits individuels au- dessus de notre bien-être et de l’avenir de notre planète.
Et puis, un océan sans baleines, ce sont des contes qui ne sont jamais écrits, des rencontres fascinantes qui n’ont jamais lieu, des navigations fades sans scuter l’horizon dans l’espoir d’une vision furtive...
Philippe Guerlet
Journaliste indépendant
Membre de l'AJIQ et des JNE
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