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Photo du rédacteurMatéo Simoita

"Saint-Jean d'Eté", poème

Dernière mise à jour : 24 juin 2021



Vénérable Maître en chaire et vous tous mes chers frères,

Nous avons le bonheur pour cette nouvelle tenue

De pouvoir célébrer, par une ferveur sincère

Cette fête coutumière du flux et du reflux.


En ce vingt-quatrième jour de ce mois de juin,

Nous serons assemblés pour fêter tous ensemble

Comme nos frères avant nous, un saint qui nous ressemble,

Qui imprègne notre laine comme le ferait le suint !


Si nous sommes réunis, le vivant et l’esprit,

Dans ce lieu familier, aux agapes banales,

N’est-ce pas avant tout, pour tenter le pari

D’honorer devant tous cette fête solsticiale.


Ce ne sont pas des mots qui n’auraient aucun sens

Qui pourraient s’énoncer sans la moindre décence

Car le Verbe dans la loge n’est pas qu’une opinion,

Jetée au gré du temps en guise d’impression.


Force génitrice du Feu par le Verbe attisé,

Voyez les héritiers d’une grandeur affirmée

Honorer cette chaîne qui nous lie au passé,

Célébrer nos valeurs, fortifier le chantier !


Par vous tous, Frères aimés, pour ce jour attablés

Ici et ailleurs, mais toujours rassemblés,

Que la lumière efface les ombres qui menacent

Que la paix se répande pour un bonheur tenace.

Souvent, par nos pensées, nous cherchions le chemin

Qui pourrait nous mener vers la Fraternité !

Nombreuses furent les attentes où nous tendirent la main !

Nombreuses furent les impasses stériles en liberté !


Et la terre sans arrêt imposait ses contraintes.

Endurer les épreuves, il fallait accepter !

Qui de nous n’a pas eu dans ces moments de crainte

Le sentiment confus de l’inutilité ?

Hier nous étions seuls attendant que le vent

Dans un souffle affectueux nous transmette le mot,

Balaie les avatars, nous éloigne des sots,

Illumine la froidure, annonce le nouvel an !


Sur le chemin et dans le vent, tout doucement,

Les brumes libérées, nos sens sollicités,

Le temple nous apparu et nous fûmes contents

De savoir désormais avec qui travailler !

Nous voilà réunis, hors du temps, bien présents !

Héritiers de nos frères, nous sommes restés fidèles

A ce temps des mystères où l’on jetait le sel,

Dans cette félicité inconnue des manants.


Dans ce bonheur immense à nul autre pareil

Nos pensées vagabondent, une compagne nous éveille

Regards câlins et envoûtants,

Pression des mains en haletant

Piment marin d'un baiser lent !

Frères, Enfants de Lumière, nous voilà aujourd’hui,

Présents dans l’univers où les hommes s’agitent,

Persuadés malgré tout qu’un nouvel ordre existe

Qui nous verra demain donner sens à la vie !

Dans ce monde pervers où les hommes se déchirent

Comprenons qu’ils sont fous, enivrés de détresse

En se laissant glisser dans la spirale du pire,

Ne sachant pas que faire pour vaincre leurs faiblesses.


La peur règne dans ce monde au mépris de l’humain,

Fleur obscène d’un terrain livré à l’ignorance,

Peur aveugle et sans loi, génitrice de violence,

Peur abjecte, accoucheuse d’un univers malsain.


Dans ce monde sans loi, nous sommes des combattants,

Sans armes et sans violence, qui respectons le droit,

Pour éloigner la peur et redonner un sens

A la vie de tous ceux qui ont perdu leur foi !


E duqués et formés pour ne pas avoir peur,

Nous fûmes initiés pour conduire le destin,

De tous ces êtres humains, éloignés du Bonheur,

Et générer en eux l’envie d’être des mutins !


Par le porche franchi dans ce lieu rassemblés,

Loin des peurs des profanes nous sommes prêts à revivre

Le rituel immuable de tous les initiés

Compagnons sur la voie et détenteurs du Livre !


Le soleil s’est couché sur ce jour si court.

Sans céder au repos, nous puisons parmi nous

L’énergie qu’il nous faut pour savoir, avant tout,

Fidèles à notre quête, ne pas changer d’atours.

Sans avoir oublié, nous avons respecté

Le devoir de nous voir, autour du feu ardent,

Désireux de trouver parmi nous cet élan

Nécessaire et vital aux esprits pacifiés !

De tous les continents et de tous les orients,

En ce mois de décembre, où la nature appelle

Le déclin de la vie dans un repos conscient,

Les Francs-Maçons se lèvent et rejoignent le rituel !


Fidèles à nos ancêtres, nous voilà unifiés

Dans la Paix et l’amour, pour honorer ce jour,

La gloire du Grand Orient, l’espoir revivifié

Qui verra nos paroles entendus des plus sourds !


Ce n’est pas une fête où les participants

Laissent aller leurs instincts plus ou moins délirants

Dominer leurs esprits et franchir l’interdit

En pensant que demain sera une autre vie !


Ce n’est pas une fête pour tous ces idolâtres

Enivrés de rumeurs, succombant aux fumées,

Qui masquent les misères et leur indignité

En croyant que la vie n’est rien d’autre qu’un théâtre !


La mort est derrière nous, nous l’avons dépassée !

L’espérance est en nous, il nous faut la fêter !

Ceux qui ont initié espèrent aussi en nous

Réalisez ce rêve mille fois écarté !

Effacez la tristesse des enfants de Bombay,

Sécher les tristes larmes qui abreuvent les cieux,

Sauver la dignité injustement bafouée !

Eloigner les charognes qui offensent les Dieux !


Cet appel pour plus d’humanité,

Une émotion cachée que l’on ose dévoilée,

Elle se nomme Espérance, et brille dans le soir

De mille feux éclatants que nous seuls pouvons voir !


Nos santés sont des voeux, adressés à tous ceux

Que nous avons choisi, en toute liberté,

Pour mener le troupeau des initiés rebelles

Afin qu’ils fassent entendre la parole fidèle !


Nos santés sont des voeux qui n’ont rien d’élogieux,

A tous ceux qui prétendent supporter nos paroles

Car nous savons aussi le sort des idoles

Qui osèrent profaner la sagesse des cieux.


Nos santés sont des baumes pour effacer les plaies

Pour calmer les souffrances qui taraudent nos vies

Pour renforcer les liens nécessaires à la Paix

Pour lever la tristesse et redonner l’envie.


La musique et les mots seront les premiers temps

Puis la chair et la poudre doperont l’énergie,

Et nos cris rassemblés lanceront aux étoiles

Les accents d’un appel pour plus de vérité.


Je rêve d’une fête qui soit plus qu’aujourd’hui

Une fête élargie à tous les initiés

Qui grave dans l’année son empreinte assurée

Qui affirme dans le monde notre espérance inouïe.

Que cette fête nous rappelle au travail incessant

Qu’il nous faut consacrer au bonheur des enfants

Innocents merveilleux et porteurs de Lumière

Incrédules sacrifiés par les balles des pervers.


Que cette fête exagère notre appétit sans fin

Pour la fraternité, le ciment de nos liens,

L’énergie de nos vies, l’indispensable ressort,

Qui nous permet toujours de vivre parmi les morts !


Après un jour si long, enrichis d'énergie,

Continuons sans un doute ce chantier merveilleux.

Fidèles à notre quête, inventons l'harmonie,

Affirmons, haut et fort, un renouveau radieux !


Extrait du recueil de poèmes "Emotions maçonniques" - Editions Edilivre 2021



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