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Photo du rédacteurMatéo Simoita

Réflexions sur la violence

Dernière mise à jour : 29 janv. 2022



La violence est un fait de société que l'on retrouve de multiples manières. C'est un sujet de réflexion qui intéresse les francs-maçons car un de leurs mythes est fondé sur un acte de violence.


Vous trouverez dans cette page plusieurs articles :

  • Les violences faites aux femmes

  • Les violences faites aux enfants

  • Violences collectives : que faire ?

  • L'univers carcéral : la violence au quotidien

  • Le compte-rendu des Rencontres Lafayette 2017 consacrées à la pensée de René Girard

  • Violence et pacifisme


 

Les violences faites aux femmes

On doit au mouvement #Metoo en 2021 d'avoir favorisé la libération de la parole des femmes soumises et battues par leurs conjoints.


Dans nos sociétés machistes, la violence faites aux femmes était admise, banalisée ; les femmes n'osaient pas porter plainte ; elles avaient honte et se culpabilisaient !


Cette violence est un élément de la domination masculine qui s'illustre dans bien d'autres domaines.



 


Les violences faites aux enfants


Que ce soit par pédophilie ou dans le cadre de violences conjugales, les enfants sont des victimes innocentes.


L'actualité récente a permis de se rendre compte de la culpabilité des religieux à qui étaient confiés les enfants.



 


Violences collectives : que faire ?

La violence est une des grandes caractéristiques de l’activité humaine.


Autant la violence individuelle procède de mécanismes qui ont été bien analysés, autant la violence collective est un phénomène complexe qui prend des formes très différentes.

Pour l’Organisation Mondiale de la Santé, « la violence collective peut se définir comme : l’instrumentalisation de la violence par des gens qui s’identifient en tant que membres d’un groupe – que celui-ci soit transitoire ou ait une identité plus durable – contre un autre groupe ou regroupement d’individus, afin de parvenir à des objectifs politiques, économiques ou sociaux ».

On peut distinguer quatre grands groupes de violences collectives :

  • Les violences institutionnelles avec les répressions policières des régimes autoritaires, les différentes formes de guerres et le terrorisme d’état manipulant des groupes factieux,

  • La violence économique avec par exemple les réactions face à la problématique de travail,

  • La violence des foules qui apparaît souvent comme complètement irrationnelle,

  • La violence des opposants, de toutes sortes, manifestant leurs mécontentements et pouvant dériver vers le terrorisme aveugle.


Certains peuvent être tentés de distinguer :

  • Les violences légitimes émanant d’une autorité qui s’exerce au profit de la collectivité,

  • Des violences illégitimes qui cherchent à imposer un pouvoir illégitime.


On entend aussi parfois évoquer :

  • Les violences utiles qui auraient permis des évolutions positives dans la prise en compte de droits de l’Homme

  • Et les violences inutiles qui ne changeront rien aux situations vécues.


Pour l’idéal maçonnique, et bien que de nombreux(ses) francs-maçon(ne)s aient participé à des épisodes de violences collectives, celles-ci sont associées aux désordre de la vie profane et au symbolisme du « chaos ». C’est d’ailleurs dans le contexte des violences et de la guerre civile que connut l’Angleterre du XVIIème siècle que la Franc-Maçonnerie prit forme et se révéla comme un élément important du renouveau de la paix sociale.

Malheureusement, l’influence maçonnique a été et est encore incapable d’empêcher la résurgence régulière des différentes formes de violences collectives.

Si l’idéal maçonnique prône le pacifisme, le dialogue et le respect mutuel, il n’en demeure pas moins que ce même idéal soutient la nécessité d’une autorité juste et éclairée qui doit être respectée, car il ne peut y avoir de paix durable sans l’existence d’une référence qui met en place et vérifie l’exercice d’une liberté accessible à tous.


Aujourd’hui dans les pays occidentaux, de nombreux exemples de violences collectives proviennent de mouvements ayant leurs sources dans le mécontentement découlant de mesures économiques prises soit par les états, soit par les entreprises en difficultés. Tout se passe comme si le temps démocratique du débat sur la crédibilité de telles mesures avait été exclue du dialogue social et qu’au moment de leur adoption, ce «passage à l’acte » était compris comme injustice inacceptable justifiant le passage à l’acte de la violence collective.


La sagesse de l’idéal maçonnique ne peut que conseiller aux différents dirigeants des différents étages de responsabilité de nos sociétés de ne jamais négliger, le temps du débat et de l’information, indispensable pour assurer d’une part des modifications aux projets initiaux et d’autre part, l’acceptation des décisions finales.


La tendance actuelle de scinder les sociétés humaines en un groupe d’experts à qui est réservé la prise de décisions et un groupe immense de « consommateurs ignorants» aboutit immanquablement à l’éclosion de violences collectives plus ou moins orchestrées par ceux qui ne recherchent que leurs intérêts corporatistes.

Lorsque l’on sait que se surajoute à cela le fait que les rendez-vous électoraux sont souvent dévoyés en performances démagogiques, on ne peut s’étonner de voir nos sociétés s’enfoncer dans l’incommunicabilité.

 

L'univers carcéral : la violence au quotidien

Dans la société de l’ancien Régime, le jugement des crimes et délits était fondé sur la vexation, le supplice, le bannissement, les travaux forcés et la peine de mort : en un mot il s’agissait pour le pouvoir en place et la société de l’époque de se venger et de faire subir une souffrance corporelle !

Avec l’Europe des Lumières, on imagina que la privation de la liberté pouvait avoir un effet « d’éducation à la citoyenneté » et on inventa les prisons !

Plus de trois siècles plus tard, l’inflation des peines aidant, on se retrouve dans une situation ubuesque et détestable !

Celles et ceux qui connaissent l’univers pénitentiaire conviendront combien la vie en prison a un caractère inhumain dont on a peine à imaginer comment notre société soi-disant développée, humaniste, sociale, (et j’en passe) a été capable d’inventer un système aussi aberrant, aussi bien pour le personnel, pour les détenus que pour les familles, au point que lorsqu’on fréquente ces lieux on peut se peut se demander de quelle planète, il s’agit !

D’abord, il faut remarquer que le système judiciaire des peines est si compliqué que l’accès à l’emprisonnement est marqué par une ségrégation sociale évidente : n’importe qui ne va pas en prison.

La prison est ainsi devenue l’école du crime, une banalité dans un parcours de délinquance, un lieu de vie avec ses règles, ses rites, ses pouvoirs, ses perversités. Il est même possible d’y trouver des groupes fonctionnant de façon plus ou moins ésotérique !

La société se rassure en imaginant que les auteurs de crimes et délits sont emprisonnés mais elle n’imagine même pas qu’il s’agit de toute autre chose !

Et chacun de mettre un voile discret sur son visage pour ne pas voir l’inacceptable. Il faut cependant reconnaître à Adeline Hazan, Contrôleur général des lieux de privation de liberté, depuis 2014 en succédant à Jean-Marie Delarue, lui-même premier titulaire du poste créé en 2008 à l’initiative de Rachida Dati, une réelle volonté de trouver des solutions.

Si on examine quelques cas simples :

  • Quel est l’intérêt de priver de liberté ou d’emprisonner à titre préventif un mineur, un voleur, un consommateur de drogues illicites, un récidiviste de chapardages, une personne âgée victime d’un homicide, un malade mental, etc.

  • N’a-ton pas des moyens différents de « protéger » la société contre la violence de terroristes ou de mafieux que le système pénitentiaire actuel ?

Aujourd’hui, si on admet que toute infraction à la loi commune mérite une sanction, plusieurs questions se posent :

  • Comment accepter que les centres pénitentiaires créés pour faire respecter la loi républicaine soient devenus des lieux où règne une autre loi très peu républicaine : la loi du silence !

  • La privation de liberté mérite-t’elle de figurer parmi les peines de l’arsenal judiciaire ?

  • et si oui dans quels cas précis et selon quelles modalités ?

  • Ne peut-on pas faire le bilan de l’inadaptation du système pénitentiaire au monde d’aujourd’hui ?

Si on se réfère à l’idéal maçonnique, on ne peut oublier que nous avons confiance dans la perfectibilité de l’être humain et à sa capacité de résilience ; il est clair aujourd’hui que cela ne peut pas se faire dans le cadre actuel de cellules surpeuplées, dans des lieux où c’est la loi du plus fort et du plus débrouillard qui s’impose à tous.

Aider un condamné à retrouver une certaine respectabilité en lui demandant d’accepter de payer « sa dette » est possible à condition d’un accompagnement, d’une rupture avec un milieu pathogène, et d’une reconstruction !

Cela nécessite aussi une clarification des pratiques sociales qui favorisent la délinquance en laissant entrevoir que l’impunité existe et qu’il y a souvent deux poids et deux mesures !

C’est un vaste chantier, que certain(e)s d’entre nous connaissent bien, qui mériterait du réalisme, du courage et de l’imagination !

 

Compte-rendu des Rencontres Lafayette 2017 avec la vidéo des principales interventions


Déclaration de Christophe Habas, grand maître du Grand Orient de France en introduction de la conférence tenue mercredi 22 mars 2017 au siège du godf à Paris sur le thème « AUTOUR DE RENÉ GIRARD, DES FONDEMENTS DE LA VIOLENCE À LA FRATERNITÉ » ; puis prendront la parole Jean-Pierre Servel, le GM de la GLNF, Jacques SÉMELIN, professeur à l’Institut d'études politiques de Paris, le Dr Jean-Michel OUGHOURLIAN, ami de René Girard, Alain CHOURAQUI, Directeur de Recherche émérite au CNRS et Philippe DELAROCHE, journaliste et chroniqueur. (video du GODF)

Pour sa 3ème édition, les Rencontres Lafayette organisées conjointement par la GLNF et le GODF ont encore été un succès. Le thème choisi cette année « AUTOUR DE RENÉ GIRARD, DES FONDEMENTS DE LA VIOLENCE À LA FRATERNITÉ » était particulièrement d’actualité.

Deux conférenciers étaient chargés de traiter ce thème :

  • Jacques SÉMELIN, professeur à l’Institut d'études politiques de Paris et directeur de recherche au CNRS affecté au Centre d'études et de recherches internationales (CERI) enseigne depuis 1999 à Sciences Po où il a créé un cours pionnier sur les génocides et violences de masse ; en sa qualité de chercheur il était très attendu pour apporter une analyse un peu critique sur la pensée girardienne.

  • Jean-Michel OUGHOURLIAN, après une carrière de neuropsychiâtre, apportait la connaissance d’une relation amicale prolongée avec René Girard.

Deux « grands témoins » devaient donner une touche personnelle :

  • Alain CHOURAQUI, Directeur de Recherche émérite au CNRS, évoqua avec beaucoup d’authenticité la réhabilitation du camp des Milles devenu le Centre mémorial du camp des Milles .

  • Philippe DELAROCHE, journaliste et chroniqueur, apporta le regard éditorialiste d’un commentateur un peu éloigné du sujet.

La présentation de la conférence par notre grand maître du GODF fut brillante comme on pouvait en attendre de Christophe Habas qui assure toujours des prestations de qualité ; peut-être aurait-il pu réserver son talent pour la conclusion afin de ne pas déflorer le sujet car cette introduction était en fait une véritable contribution.



La pensée de René Girard appliquée à la compréhension de la Légende d'Hiram


A l’origine de ce mythe « sacrificiel », qui, pour René Girard, est nécessaire à la cohésion du groupe et à sa perpétuation, il y a le désir mimétique, avec sa triangulation (l’objet du désir, le désirant et le médiateur), que l’auteur met en valeur dans le processus d’émergence de la violence.

Dans le mythe d’Hiram, l’objet du désir c’est le « secret » que possède Hiram, en position de médiateur ; les désirants, ce sont les mauvais compagnons «possédés » par leur désir mimétique du « secret » d’Hiram. Le meurtre d’Hiram, élément central de la légende, se déroule comme un sacrifice rituel magnifié par la « réincarnation » d’Hiram dans un nouveau maître.


Le travail de René Girard, qui complète d’autres travaux importants sur les pulsions des groupes, permet de comprendre l’importance des mythes et leur permanence sous des formes voisines dans les différentes civilisations. Il permet aussi d’observer le fonctionnement des loges et des obédiences, et en particulier leurs querelles historiques !


Mais la pensée girardienne permet aussi de « revisiter » l’importance du merveilleux défi de cet idéal de perfection que l’on nomme l’idéal maçonnique, idéal dans lequel la violence est évacuée par la revendication de l’individualité de chacun(e) dans la chaîne des solidarités et le traitement préventif de la violence par la pratique du rite.


Notes : Quelques œuvres de René Girard, ( 1923 -2015 )

  • La Violence et le Sacré (1972)

  • Le Sacrifice (2003)

  • De la violence à la divinité (2007)

Citations (sources)


Le sacrifice (le rituel) rejoue mimétiquement la crise et sa résolution, ceci pour conjurer le retour de cette crise.


La victime sacrificielle est la première chose mise à la place d’une autre – le premier symbole. Le rituel répète la scène originaire où la communauté a frôlé le chaos ; il vaccine ainsi la société contre sa propre violence ; la culture va devenir possible.



 

Violence et pacifisme

Il est banal de relever la violence qui s'immisce dans les relations entre les êtres, entre des groupes et aussi entre des peuples. Quelle que soit l'époque de l'histoire, cette violence est une constante ! La recherche de la cause de ces violences n'est pas toujours facile : la tentation est grande de trouver des coupables et d'évoquer la raison du caractère incontournable de l'engrenage pour expliquer les faits.


Bien que l'idéal maçonnique soit un idéal pacifique, les francs-maçons eux-mêmes ont souvent été impliqués dans des actions violentes que cela soit dans le cadre des armées ou dans le cadre d'actions de résistance.


Il est classique de justifier le recours à la force pour refuser l'intolérable et pour défendre des valeurs morales qui risquent d'être mises à mal.

La seule manière d'éviter ou de minimiser les épisodes de violences est de pouvoir anticiper en traitant les situations conflictuelles latentes. Cela suppose de la part des responsables une capacité d'analyse et d'initiative de façon à faciliter la prise en charge des incompréhensions, des facteurs de risques et des provocations.



 
Liens vers des infos sur la violence sociétale

  • La violence : la sensibilité sociale au phénomène, son expression particulière en milieu scolaire

  • La violence et la résolution de conflits chez des trafiquants de cocaïne

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