Quand on a connu l'univers carcéral, on ne peut pas se taire ! L'approche maçonnique devrait permettre de trouver des solutions durables.
Dans la société de l’ancien Régime, le jugement des crimes et délits était fondé sur la vexation, le supplice, le bannissement, les travaux forcés et la peine de mort : en un mot il s’agissait pour le pouvoir en place et la société de l’époque de se venger et de faire subir une souffrance corporelle !
Avec l’Europe des Lumières, on imagina que la privation de la liberté pouvait avoir un effet « d’éducation à la citoyenneté » et on inventa les prisons !
Plus de trois siècles plus tard, l’inflation des peines aidant, on se retrouve dans une situation ubuesque et détestable !
Celles et ceux qui connaissent l’univers pénitentiaire conviendront combien la vie en prison a un caractère inhumain dont on a peine à imaginer comment notre société soi-disant développée, humaniste, sociale, (et j’en passe) a été capable d’inventer un système aussi aberrant, aussi bien pour le personnel, pour les détenus que pour les familles, au point que lorsqu’on fréquente ces lieux on peut se peut se demander de quelle planète, il s’agit !
D’abord, il faut remarquer que le système judiciaire des peines est si compliqué que l’accès à l’emprisonnement est marqué par une ségrégation sociale évidente : n’importe qui ne va pas en prison.
La prison est ainsi devenue l’école du crime, une banalité dans un parcours de délinquance, un lieu de vie avec ses règles, ses rites, ses pouvoirs, ses perversités. Il est même possible d’y trouver des groupes fonctionnant de façon plus ou moins ésotérique !
La société se rassure en imaginant que les auteurs de crimes et délits sont emprisonnés mais elle n’imagine même pas qu’il s’agit de toute autre chose !
Et chacun de mettre un voile discret sur son visage pour ne pas voir l’inacceptable. Il faut cependant reconnaître à Adeline Hazan, Contrôleur général des lieux de privation de liberté, depuis 2014 en succédant à Jean-Marie Delarue, lui-même premier titulaire du poste créé en 2008 à l’initiative de Rachida Dati, une réelle volonté de trouver des solutions.
Si on examine quelques cas simples :
Quel est l’intérêt de priver de liberté ou d’emprisonner à titre préventif un mineur, un voleur, un consommateur de drogues illicites, un récidiviste de chapardages, une personne âgée victime d’un homicide, un malade mental, etc.
N’a-ton pas des moyens différents de « protéger » la société contre la violence de terroristes ou de mafieux que le système pénitentiaire actuel ?
Aujourd’hui, si on admet que toute infraction à la loi commune mérite une sanction, plusieurs questions se posent :
Comment accepter que les centres pénitentiaires créés pour faire respecter la loi républicaine soient devenus des lieux où règne une autre loi très peu républicaine : la loi du silence !
La privation de liberté mérite-t’elle de figurer parmi les peines de l’arsenal judiciaire ?
et si oui dans quels cas précis et selon quelles modalités ?
Ne peut-on pas faire le bilan de l’inadaptation du système pénitentiaire au monde d’aujourd’hui ?
Si on se réfère à l’idéal maçonnique, on ne peut oublier que nous avons confiance dans la perfectibilité de l’être humain et à sa capacité de résilience ; il est clair aujourd’hui que cela ne peut pas se faire dans le cadre actuel de cellules surpeuplées, dans des lieux où c’est la loi du plus fort et du plus débrouillard qui s’impose à tous.
Aider un condamné à retrouver une certaine respectabilité en lui demandant d’accepter de payer « sa dette » est possible à condition d’un accompagnement, d’une rupture avec un milieu pathogène, et d’une reconstruction !
Cela nécessite aussi une clarification des pratiques sociales qui favorisent la délinquance en laissant entrevoir que l’impunité existe et qu’il y a souvent deux poids et deux mesures !
C’est un vaste chantier, que certain(e)s d’entre nous connaissent bien, qui mériterait du réalisme, du courage et de l’imagination !
Le mouvement de révolte du personnel pénitentiaire est légitime mais il serait illusoire de penser qu'il ne s'agisse que d'un problème de moyens !
L'approche maçonnique pourrait aider à redéfinir un cadre juridique plus humain et plus pragmatique pour répondre à la multiplicité des situations.
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